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Retrouvailles solidaires

30 avril 2019

Retrouvailles solidaires

Ancien salarié de Solsoc, Stephan Regnard a réintégré l’organisation l’année dernière, 20 ans plus tard, en tant que chargé de partenariat Burkina-Sénégal.  A travers cette entrevue, Stephan partage ses expériences et nous parle des nombreux changements qu’a connu la coopération au développement en Belgique ces dernières années.

Quel est ton parcours professionnel et pourquoi as-tu décidé de réintégrer l’équipe de Solsoc ?

A la base, je suis géologue spécialisé en hydrologie. Très vite, mon parcours professionnel a « glissé » et « oscillé » entre sciences exactes et sciences sociales. J’ai travaillé de nombreuses années au Burkina Faso, avec des groupements d’artisans puisatiers partenaires d’Oxfam, avec les Groupements Naam une importante organisation paysanne, à la coordination Oxfam au Burkina ; puis chez Solsoc à l’époque des consortiums d’ONG, et au Projet Economie Sociale de la CTB (actuelle Enabel) au Burkina. Et en alternance, des boulots plus techniques, à la Société Wallonne des Eaux, au Service Géologique de Belgique et même ces dernières années dans l’industrie métallurgique. Jusqu’à ce que l’usine où je travaillais ferme. Cette période a coïncidé avec un moment où Solsoc a eu besoin d’un renfort. Pour moi, cette opportunité de recommencer à travailler pour le Burkina auquel je suis très attaché était un premier choix… et voilà, j’ai repris du service.

Pourquoi Solsoc ?

Je m’y sens en accord avec la compréhension de la notion de « solidarité ». Il ne s’agit pas d’être sympa ou charitable, mais d’être bien conscient que nous sommes dans la même galère. Solsoc promeut par exemple les mutuelles de santé dans ses pays d’interventions. Une mutuelle est réellement une association de type solidaire. En ayant bien conscience que nous pouvons tous avoir des problèmes de santé, que nous vieillissons tous, on peut partager ce risque et ses conséquences…et éviter de plonger individuellement. « Exporter » la protection sociale et les syndicats au Sud, c’est lutter contre le dumping social. C’est permettre aux travailleurs, du sud comme du nord, mis en concurrence dans l’économie mondialisée, de mieux défendre leurs droits.

Comment le travail de chargé de partenariat et de la coopération en général ont-ils évolué ?

Tout va plus vite. L’évolution des moyens de communication y est pour quelque chose. Quand j’ai commencé à travailler dans le milieu des ONG, les courriers envoyés par la poste mettaient des semaines à arriver. Il fallait fixer des rendez-vous pour se parler à la cabine téléphonique locale, souvent unique au sein des petites villes du sud. Puis sont venus les fax, les envois de disquettes par la poste. Cela prenait énormément de temps. Aujourd’hui, les GSM, les mails nous permettent une autre temporalité dans l’échange d’informations. Nous sommes dans l’instantanéité. Dans la pratique, la part administrative a aussi considérablement augmenté. Le niveau d’exigence et de contrôle aussi.

Ce qui me frappe positivement le plus, ce sont les progrès dans la cohérence des projets. Avant, Solsoc gérait une multitude de projets sans lien entre eux. Ces projets arrivaient au gré des rencontres et des voyages. Fin des années ’90, les lignes ont bougé et le FADOC a germé. Le FADOC (Fonds d’Appui de Développement des Organisations Communautaires) est né de la mise en réseau de partenaires qui décidaient eux-mêmes les choix stratégiques et financiers au niveau de l’intervention dans leur pays. Les partenaires ont commencé, avec Solsoc, à construire ensemble une vision et un programme cohérents. Aujourd’hui, avec FOS et IFSI, nous avons un axe travail décent clair. Des objectifs cohérents et des partenariats cohérents, c’est-à-dire des réseaux de mutuelles, d’initiatives d’économie sociale et de syndicats qui, renforcés par notre action et par les échanges Sud-Sud rendus possibles, élargissent la protection sociale des communautés, améliorent l’accès à des sources de revenus durables et luttent pour les droits des travailleurs dans les 8 pays où Solsoc travaille.

Quelle est ta fonction actuelle et ta relation avec les partenaires ?

Je suis chargé de partenariat avec le Sénégal et le Burkina Faso. J’assure l’interface entre Solsoc et ses partenaires dans ces pays. Ce qui me donne l’occasion de les rencontrer plusieurs fois par an. J’ai ainsi l’occasion de rencontrer des personnes avec des histoires et des parcours extraordinaires. Les relations professionnelles deviennent souvent des amitiés. C’est aussi une grande chance de pouvoir être associé aux grands enjeux dans ces pays. Par ailleurs, la relation de partenariat détermine la manière de collaborer. On n’impose pas d’ici la manière dont le travail va être exécuté sur le terrain. On participe avec nos partenaires à une dynamique où chacun apporte son expérience.

Comment vois-tu l’avenir de la coopération belge ?

Je vois un avenir de la coopération belge assez sombre en fait. La coopération devient de plus en plus un « marché » dans lequel il faut être le plus compétitif. Les ONG se retrouvent à concourir pour obtenir des fonds. A ce jeu, des bureaux d’études très éloignés des personnes qu’ils prétendent appuyer peuvent présenter une image beaucoup plus compétitive et emporter ces « marchés ». Mais, on peut cependant douter de leur légitimité et de leur compétence dans l’exécution des projets sur le terrain. La vision et la mission de la coopération dérive, notamment pour répondre aux craintes face aux migrations. Par ailleurs, il est intéressant de voir à quoi la coopération au développement est rattachée dans la formation de chaque gouvernement. De l’instrumentalisation qui peut en découler. Tantôt la coopération au développement peut être un outil du commerce extérieur, tantôt un levier des affaires étrangères.

Première rencontre internationale du FADOC en 1999 au Chili

Première rencontre internationale du FADOC en 1999 au Chili

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