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L’annexion de la Cisjordanie au programme des élections israéliennes

9 avril 2019

L’annexion de la Cisjordanie au programme des élections israéliennes

Ce mardi 9 avril, les Israéliens se rendent aux urnes. Le Likoud de Benjamin Netanyahou et le parti Bleu et blanc (Kahol lavan) de Benny Gantz sont tous deux susceptibles de remporter le scrutin. Mais quel que soit le vainqueur, il ne fait guère de doute que l’annexion du territoire palestinien se poursuivra. Pour la Plateforme Moyen-Orient, quel que soit le résultat, de nouvelles mesures de différentiation sont nécessaires pour faire respecter le droit international par Israël.

Après dix années au pouvoir, Benjamin Netanyahou se trouve pour la première fois face à un concurrent sérieux au poste de Premier ministre, en la personne de Benny Gantz, son ancien chef d’Etat major. Mais, que le Likoud ou Kahol lavan, le parti du « centriste » Benny Gantz, sorte vainqueur, les conséquences pour les droits des Palestinien·ne·s devraient être les mêmes. Le dernier gouvernement mené par le Likoud a imprimé une tendance nette à une annexion pure et simple du territoire palestinien. Dans la dernière ligne droite de campagne avant le scrutin, samedi 6 avril, Netanyahou a déclaré que s’il était élu il annexerait toutes les colonies de Cisjordanie. Certain·ne·s se sont peut-être étonné·e·s de cette annonce, mais cette position était déjà largement soutenue au sein du parti. En décembre 2017, le comité central du Likoud s’était déjà prononcé pour l’annexion de la zone C, zone dans laquelle se situent toutes les colonies israéliennes. En février dernier, un article du Jerusalem Post soulignait que sur les 29 députés Likoud qui se présentent aux prochaines élections, tous hormis Netanyahou avaient déjà fait des déclarations en faveur de l’annexion.

Mais le soutien à l’annexion n’est pas l’apanage du Likoud. Selon un récent sondage, l’annexion de tout ou d’une partie de la Cisjordanie est soutenue par 42% des Israélien·ne·s. Le programme de Kahol lavan soutient le renforcement des grands blocs de colonies, sans mentionner la solution à deux Etats.

La colonisation, comme l’annexion, d’un territoire occupé constituent des violations claires du droit international. La résolution 2334, adoptée en décembre 2016 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, a rappelé le caractère illégal de la colonisation israélienne, et appelé les Etats à mettre en place des mesures de différentiation pour opérer une distinction, dans leurs relations avec Israël, entre le territoire israélien et les colonies.

Jusqu’en 2017, un consensus international existait pour condamner la colonisation israélienne. Mais depuis l’arrivée du Président Trump à la Maison blanche, les Etats-Unis ont cessé de condamner la colonisation, ont reconnu l’annexion de Jérusalem-Est et viennent de reconnaitre l’annexion du Golan syrien par Israël. Ces signaux ne sont pas passés inaperçus en Israël. Le mouvement des colons, présent dans la plupart des partis de droite, en profite pour accélérer la construction dans les colonies, mais aussi pour faire passer une série de mesures législatives visant à les annexer « de jure ». Benjamin Netanyahou a quant à lui souligné que la reconnaissance du Golan par les Etats-Unis montrait qu’Israël pouvait tout à fait conserver des territoires occupés, du moment qu’ils avaient été acquis par une « guerre défensive ». Annoncé de longue date, le plan de paix du Président Trump pourrait être lancé dans la foulée des élections israéliennes. Outre la reconnaissance de l’annexion israélienne du Golan, le président américain s’est déjà employé à écarter de la table de négociations la plupart des questions relatives au statut final que ce soit en déplaçant l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, en arrêtant le financement américain de l’UNRWA ou encore en faisant fermer la représentation de l’OLP à Washington. La position américaine est donc définitivement contraire au droit international et à une solution à deux Etats.

Face à ces développements et à leur accélération, la Plateforme Moyen-Orient appelle à un renforcement urgent des mesures européennes et belges de différentiation. Sans mesures claires de la part de l’UE et de ses Etats-membres, Israël continuera à coloniser et annexer le territoire palestinien. L’UE condamne en effet la colonisation israélienne, mais continue d’entretenir des relations économiques avec les colonies. La Plateforme Moyen-Orient appelle donc le gouvernement belge et la Commission européenne qui sortiront des urnes le 26 mai prochain à mettre fin aux liens économiques avec les colonies israéliennes, en interdisant notamment l’importation et la commercialisation des produits des colonies israéliennes. Il est également essentiel que la base de données des Nations Unies sur les entreprises impliquées dans la colonisation soit publiée et régulièrement mise à jour.

Les organisations membres de la Plateforme Moyen-Orient :

11.11.11, Association Belgo-Palestinienne, Broederlijk Delen, La Centrale Générale-FGTB, CNCD-11.11.11, FGTB, FOS, Intal, Viva Salud, MOC, Palestina Solidariteit, Pax Christi Vlaanderen, SB Overseas, Solsoc, Vrede.

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