Le 20 février, la Journée Mondiale de la Justice sociale aura pour thème « Réduire les inégalités pour atteindre la justice sociale ». A cette occasion, Solsoc tient à rappeler les inégalités qui subsistent encore au niveau mondial en matière d’accès aux soins. En Afrique, où l’accès à la santé est le défi le plus urgent, plus de 80% de la population n’a pas accès à la protection sociale. Au Sénégal, Solsoc et l’organisation partenaire Oyofal Paj placent les femmes au cœur des actions de promotion de ce mécanisme.

La justice sociale trouve ses racines dans l’égalité des droits pour tous les peuples. Ce principe passe par le fait de pouvoir jouir des mêmes droits que tout un chacun, d’avoir une vie digne dans un contexte où la liberté d’expression pour les travailleur∙euse∙s est respectée, et d’être autonome sur le plan économique, social et politique. Le 10 juin 2008, l’Organisation Internationale du Travail a adopté à l’unanimité la  « Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable ». Cette Déclaration pose un nouveau fondement essentiel à la réalisation de la Justice sociale. Il s’agit de l’Agenda pour le travail décent et ses quatre piliers : l’emploi, le dialogue social, les droits et principes fondamentaux au travail et la protection sociale.

Une protection sociale pour tou∙te∙s

Tout au long de sa vie, nous pouvons faire face à la maladie, la grossesse, la vieillesse, les accidents de travail, la perte d’emploi, l’invalidité, la mort d’un parent ; des circonstances susceptibles de nous laisser soudainement sans revenu. La protection sociale répond à ces différents types de risques, en garantissant des soins de santé et des revenus de base. Alors que 70% de la population mondiale n’a pas accès à ce système, faire la promotion et mettre en œuvre la protection sociale est un moyen de garantir une sécurité à tou∙te∙s et de répartir les richesses de manière plus juste.

Pour Solsoc, lutter pour la justice sociale, c’est aussi développer, renforcer et protéger les systèmes de protection sociale dans les pays où ces mécanismes sont fragiles ou en voie de privatisation. C’est pourquoi, avec l’appui de l’UNMS et des fédérations Solidaris (WAPI, Solidaris Charleroi, Solidaris Liège, Mutualité du Brabant), Solsoc soutient dans 4 pays d’Afrique (Sénégal, Burkina Faso, Burundi et RD Congo) l’extension des mutuelles de santé communautaires afin de permettre à des familles issues du secteur rural et informel d’accéder à des soins médicaux essentiels.

Au Sénégal, les femmes au cœur de l’action

Au Sénégal, Solsoc et le réseau de mutuelles Oyofal Paj travaillent ensemble à étendre la protection sociale : des actions sont menées pour renforcer les mutuelles de santé et leurs unions départementales et régionales. Selon Lobe Cissokho, présidente du réseau de mutuelles de santé au Sénégal, Oyofal Paj, « La femme occupe une place prépondérante dans le domaine de la mutualité: seulement 20% de la population dispose d'une couverture santé. Sur les 8O% de la population non couverte, 52% sont des femmes et elles ne disposent d'aucune prise en charge médicale, alors qu’elles sont plus exposées aux maladies. En tant que mères, elles ont toujours veillé à protéger la famille. Dans certains cas elles ont même dû jouer le rôle de chef de famille. C'est la raison pour laquelle elles ont toujours été présentes sur les questions liées à la santé. »
Cependant, les réalités quotidiennes des femmes sénégalaises ne constituent pas uniquement une partie du problème mais sont aussi une partie de la solution pour développer la protection sociale et les mutuelles au Sénégal. En effet, selon Lobe Cissoko, les femmes sont très impliquées dans des groupements basés sur la solidarité et l’entraide tels que des caisses de solidarité, des groupements d’intérêt économique. Celles-ci sont aussi les principales actrices de mobilisation pour lancer des campagnes de sensibilisation et des adhésions groupées. Plusieurs initiatives qui constituent un terreau fertile au développement des mutuelles de santé. Face à ce potentiel, Lobé Cissoko adresse aux femmes le message suivant « La mutualité est un mouvement en construction qui nécessite un engagement constant. Chaque jour il faudra apporter sa pierre à l'édifice et j'invite toute les femmes à nous rejoindre pour construire ensemble des mutuelles fortes pour un meilleur accès aux soins de santé. »

En définitive, les mutuelles permettent de faire face aux problèmes de santé au sein des familles, mais donnent aussi une occasion aux femmes de gagner en autonomie financière et de prendre leur place dans les espaces de pouvoir au sein de leur communauté.

Pour Solsoc, les femmes sont actrices de changement, elles se mobilisent aussi en faveur de la justice sociale !