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Khan Al Ahmar – un village bédouin entre colonies et désespoir

4 octobre 2018

Khan Al Ahmar – un village bédouin entre colonies et désespoir

Khan Al Ahmad est un village bédouin situé à l’est de Jérusalem, plus connu aujourd’hui car devenu un cas emblématique pour une série d’ONG et d’activistes internationaux. Il s’agit en effet du point de départ pour l’Etat d’Israël (« l’unique démocratie au Moyen-Orient… ») pour couper la Cisjordanie en deux parties, annexant ainsi ses multiples colonies et principalement celle de Kfar Adumim et Maale Adumim. C’est un pas de plus pour en finir avec la possibilité de créer un jour un Etat palestinien unitaire, Gaza constituant un troisième morceau sous occupation depuis 11 ans, sans accès ni à la terre ni à la mer. Deux colonies, une seule devise : se débarrasser de ce village de Bédouins de moins de 200 habitant·e·s et de leur école construite en terre et en pneus recyclés avec l’appui de l’ONG italienne Terra Di Vento.

A coup de pétitions et de lobbying interne au niveau de la droite israélienne au pouvoir, la Cour suprême israélienne a tranché, malgré des interventions européennes réitérées sur le terrain et dans la sphère politique : le village doit être évacué et démoli. Mais les habitant.e.s ont le choix, comme la loi israélienne le stipule, entre détruire les maisons qu’il·elle·s ont construites eux·elles-mêmes ou attendre les bulldozers en route, mais sans savoir quand ils vont venir. L’Union européenne, la Belgique et l’Italie ont fortement contribué à la construction de la seule école de la région où 150 enfants des communautés voisines ont pu apprendre à lire et à écrire depuis 2009, ainsi qu’à d’autres projets. Malgré l’avertissement de la communauté internationale citant la 4e convention de Genève qui définit le transfert forcé d’une population colonisée comme un crime de guerre, Avigdor Liberman, ministre israélien de la Défense, n’a pas pu se retenir sur son compte tweeter de féliciter « la décision courageuse et attendue de la Cour israélienne face à l’hypocrisie de l’autorité palestinienne, de la gauche israélienne et des pays européens ! ». Mais le gouvernement israélien n’est finalement pas si cruel ; il propose des alternatives aux Bédouins : ils ont le choix entre le transfert vers un terrain voisin, point d’évacuation des égoûts des colonies israéliennes situées aux alentours, ou un autre terrain qui est en réalité un dépôt d’ordures pour ces dernières. Ces villageois·e·s abandonné·e·s à leur sort n’ont finalement que la patience comme arme.

L’impunité des actions d’Israël, même à l’échelle des Nations Unies, ne laisse le choix aux ONG que de participer d’une façon très limitée au développement de cette région désertique. Solsoc, via ses partenaires sur place, a organisé une visite au village, des jeunes Palestinien·ne·s de plusieurs villes ont fait le déplacement, non avec l’intention d’affronter les bulldozers, mais pour animer un midi avec les quelques 90 enfants de moins de 10 ans au travers de jeux, d’activités de peinture et de danse. L’art et la culture représentent bien plus qu’une identité en Palestine, il offre l’opportunité de sourire, d’oublier et de vivre, même lorsque la réalité du contexte pousse certains d’entre eux·elles vers le départ, l’abandon ou la dérive. Notre chargé de partenariat, Malek Ben Abdessamad, a pu échanger avec le chef du village qui n’a pas hésité à souligner son refus catégorique aux alternatives proposées par les représentants de l’autorité israélienne qui ont visité le village à plusieurs reprises pour menacer les habitant·e·s et les pousser à se préparer au départ. Il y a vécu plus de 50 ans et n’envisage pas de quitter son village natal.

Les jeunes de plusieurs villes ont alors clôturé la visite par un geste symbolique de collecte de pierres pour former un rectangle qu’il·elle·s ont peint aux couleurs du drapeau palestinien disposé sur une colline (voir photo), geste d’espoir ou de désespoir face à une situation d’occupation illégale qui persiste et évolue au mépris du droit international depuis 70 ans, et qu’il·elle·s subissent depuis qu’il·elle·s sont né·e·s. Pourtant les enfants de Khan Al Ahmar courent, crient et jouent comme tous les enfants du monde ; et sourient encore sans trop comprendre le futur qui les menace.

Si vous souhaitez agir, Amnesty International vous propose d'entrer en contact avec les autorités israéliennes pour dénoncer l'évacuation du village. Plus d'infos ici.

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