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Covid19 : les travailleuses et les travailleurs exigent le respect de leurs droits !

30 avril 2020

Covid19 : les travailleuses et les travailleurs exigent le respect de leurs droits !

Aujourd’hui à cause de la pandémie du coronavirus, des millions de travailleuses et travailleurs de par le monde n’ont pas la possibilité de faire de télétravail et font face à des risques pour leur santé. C’est aussi le cas de celles∙eux qui tiraient leurs revenus de l’économie informelle et se retrouvent dans une situation de grande précarité ! Plus que jamais, les organisations syndicales se font entendre pour exiger des conditions de travail sûres, mais aussi pour que l’on ne laisse pas sur le carreau cette immense majorité d’individus sans protection sociale, contraint∙e∙s d’abandonner leurs activités. 

De nombreuses inégalités dans le monde du travail, mises en exergue par la crise sanitaire

Cette crise sanitaire, mais également sociale et économique, révèle de profondes inégalités dans le monde du travail. Bien entendu, ces inégalités ne sont pas nouvelles. Elles sont le fruit des politiques néo-libérales menées depuis plusieurs décennies. Ainsi, dans le monde, environ 1,6 milliards de personnes travaillent dans l’économie informelle, 70% de personnes vivent sans protection sociale complète et 80% des travailleur∙euse∙s ne peuvent compter sur des indemnités de chômage. De façon plus large encore, la Confédération Syndicale Internationale (CSI) affirme que les droits des travailleur∙euse∙s se sont érodés ces dernières décennies.

Aujourd’hui, face aux risques de contamination et aux mesures de confinement prises dans la plupart des pays touchés par la maladie, les travailleur∙euse∙s sont donc loin d’être logé∙e∙s à la même enseigne. Les femmes paient d’ailleurs le plus lourd tribut, étant majoritaires dans les secteurs les plus à risques, comme celui de la santé, où elles représentent 70% de la main d’œuvre[1].

Pour tou∙te∙s celles et ceux qui n’ont pas de contrat de travail et encore moins de protection sociale, ce sont leurs moyens de subsistance qui sont brutalement affectés, voire anéantis. L’OIT estime que le premier mois de crise a provoqué une baisse de revenus de 60% pour les travailleur∙euse∙s de l’économie informelle[2]. De façon globale, la CSI[3] évoque au moins 200 millions d’emplois qui passeraient à la trappe, plongeant des dizaines de millions d’individus ainsi que leurs familles dans une situation de grande précarité. En effet, les secteurs les plus touchés par la perte d’emploi (commerces de détail, restauration, manufacture …) sont aussi ceux avec une forte proportion d’emplois informels, ce qui signifie peu ou pas de protection sociale ou de revenus de remplacement. Là aussi, les femmes sont particulièrement touchées étant surreprésentées dans la restauration ou l’hôtellerie.

Dans le Sud, les travailleur∙euse∙s s’organisent

Au Burkina Faso, avec la fermeture des marchés, des restaurants et des débits de boisson, toute l’activité économique informelle, investie à 80% par des femmes, est quasiment à l’arrêt. Du côté des entreprises de l’agro-alimentaire, le contexte de pandémie accentue le nombre de licenciements. Les syndicats se mobilisent pour sensibiliser les travailleur∙euse∙s aux mesures de prévention et recensent les manquements. Certains collectifs se réorganisent : le CARTPL[4], une association de femmes restauratrices et tranformatrices de la rue, traverse cette crise avec difficulté : les restauratrices de la rue ont reconverti leur activité en vente de repas à emporter pour limiter la casse.

Dans les secteurs de la santé ou des commerces essentiels, c’est la question des conditions de travail et du droit à la protection qui se pose de façon saillante, et ce d’autant plus dans des pays où les travailleur∙euse∙s font déjà face à de nombreux défis pour faire respecter leurs droits. Dans le domaine de la liberté syndicale et des droits des travailleur∙euse∙s aussi, cette crise ne fait qu’exacerber les violations de ceux-ci !

Les syndicats d’autant plus au front !

Les organisations syndicales sont au front pour prendre la défense de ces groupes, déjà fragiles qui se retrouvent au cœur de la tourmente. Ils appellent également à la solidarité et enjoignent les états à prendre leurs responsabilités. Ainsi, la CSI appelle à des investissements massifs dans les secteurs des soins, mais aussi à ce que les gouvernements veillent au respect intégral des droits des travailleur∙euse∙s par les entreprises, et s’appuient sur le dialogue social dans la gestion de la crise actuelle[5].

En Colombie, pays tristement célèbre pour ses violences syndicales, la situation est particulièrement grave : licenciements collectifs, congés anticipés, congés sans solde, etc. Les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, considérés comme secteurs de première nécessité, sont autorisés à continuer à fonctionner, mais les travailleur∙euse∙s se retrouvent particulièrement en danger faute de protections suffisantes. De plus, les violences et menaces s’accroissent, le confinement à domicile facilitant les attaques ciblées, et l’impunité reste la norme. De nombreuses organisations syndicales se sont associées à d’autres organisations défenseuses des droits humains pour exiger le respect de l’Accord de paix et l’application des décrets visant à protéger la vie des syndicalistes et autres leaders sociaux ; ainsi qu’à enquêter et traduire en justice les auteurs, autant que les commanditaires, des violences.

En Bolivie, les travailleur∙euse∙s de l’usine de transformation de lait, PIL, mise à l’arrêt car elle approvisionnait principalement les cantines scolaires, ne reçoivent plus de salaires bien qu’ils∙elles continuent de travailler, et ce sans équipement de protection (masques, gants) indispensable. La CGTFB[6] dénonce ces dérives et réclame des aides spécifiques de la part des pouvoirs publics.

Nous pourrions ainsi poursuivre la longue liste noire des atteintes aux droits des travailleur∙euse∙s que la crise actuelle démultiplie ou met en lumière.

En ce jour de lutte qu’est le 1er mai, il est important de les dénoncer, mais aussi de clamer haut et fort que ces attaques trouveront encore et encore des militant∙e∙s debout pour défendre un monde dans lequel le travail décent sera la norme !

 

 

[1] Observatoire de l’OIT:  le COVID-19 et le monde du travail. Deuxième édition https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/WCMS_740982/lang--fr/index.htm

[2] Observatoire de l’OIT:  le COVID-19 et le monde du travail. Troisième édition https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/WCMS_743155/lang--fr/index.htm    

[3] CSI : Confédération Syndicale Internationale

[4] Le Collectif des Associations de Restauratrices et Transformatrices des produits locaux

[5] Déclaration du 1er mai de la CSI – Un seul monde: emplois, salaires, protection sociale https://www.ituc-csi.org/declaration-1er-mai-2020?lang=en

[6] Confédération Générale des Travailleurs Ouvriers de Bolivie

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