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Burkina, 5 ans après l’insurrection, où en est-on ?

29 janvier 2020

Burkina, 5 ans après l’insurrection, où en est-on ?

Le 17 janvier dernier Solsoc a pris part à une rencontre organisée en collaboration avec l’ONG Coopération Education Culture (CEC ONG) et Wallonie Bruxelles International, autour des enjeux démocratiques au Burkina Faso. Plus de 5 ans après l’insurrection populaire qui avait poussé Blaise Compaoré à démissionner au bout de 27 ans de présidence, et à l’approche des élections présidentielles, le moment était opportun pour bénéficier du point de vue et du discours sans concession de Smockey, alias Serge Bambara, leader et porte-parole du Balai citoyen, mouvement instigateur de cet incroyable soulèvement démocratique.

En préambule, le rappeur a effectué un petit éclaircissement sur le nom que s’est attribué le mouvement : le balai est un outil à disposition de tout un chacun, quel que soit le statut social. Et l’ensemble des brins qui le compose symbolise la solidarité et la force de l’action collective.

Animé par la chercheuse Marie-Soleil Frère[1], les débats ont porté sur le rôle du Balai citoyen dans le processus électoral. Le mouvement a notamment été à l’initiative d’actions de sensibilisation à l’importance du vote « conscient », de rencontres entre les citoyen∙ne∙s et les dirigeants sur les questions de redevabilité, de sessions de formations. En effet, le Balai citoyen souhaite outiller les jeunes afin de rafraichir l’offre politique. Alors que les élections présidentielles se préparent, le rôle de veille politique du Balai citoyen reste primordial, et implique de respecter leur credo de base : ne pas mélanger engagement citoyen et partisan. Selon Smockey, « En tant qu’acteur de la société civile, il faut choisir : soit on est sentinelle, soit on est occupant ! ».

Dans un contexte de crise sécuritaire, Smockey a insisté sur la place cruciale qu’occupe la culture pour lutter contre l’obscurantisme mais également sur l’importance du rôle de l’Etat dans le maintien de la cohésion sociale. Selon lui, les zones où l'on trouve le plus de services sociaux de base (santé, éducation etc.) et d’infrastructures publiques, sont souvent celles où se développe le moins de terrorisme. 

Enfin, les synergies qu’entretient le Balai citoyen avec d’autres mouvements sociaux en Afrique ont été présentées comme des outils de solidarité internationale face à des régimes autoritaires. Une vision panafricaine dont se réclame l’artiste qui ne manque pas de rendre hommage au leader révolutionnaire Thomas Sankara, comme il l’avait fait en 2010, en recevant le « Kora[2] » du meilleur artiste hip hop, devant Blaise Compaoré en personne et un public ébahi !   

 

[1] Directrice de recherche du Fonds National de la Recherche scientifique et Professeure au Département des Sciences de l’Information et de la Communication de l’ULB. Spécialiste de l’évolution des médias en Afrique francophone.

[2] Récompense attribuée dans le domaine musical à des artistes du continent africain.

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