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BOLIVIE : chronique d’une crise annoncée

19 novembre 2019

BOLIVIE : chronique d’une crise annoncée

Depuis le 20 octobre, jour des élections présidentielles, la Bolivie est plongée dans le chaos. Blocages des villes et des routes, mobilisations et manifestations entre les partisan∙e∙s du MAS[1] et ceux∙elles de l’opposition, grèves dans différents secteurs. Plus de 20 personnes ont déjà perdu la vie et des centaines d’autres sont blessées. A quoi est due cette montée de la violence ? Pour comprendre cette situation, revenons sur les évènements les plus marquants de ces dernières années.

Les premières tensions réelles apparaissent en 2016 lorsqu’Evo Morales ignore les résultats du référendum constitutionnel du 21 février (21F) qui disait « NON » à sa réélection pour un quatrième mandat en 2019. En 2018, la situation se complique encore lorsque le Tribunal Constitutionnel Plurinational se prononce en faveur de la candidature du binôme Morales-Linera, argumentant que « la limite à la réélection est une violation des Droits Humains fondamentaux ». Cette décision, qui va à l’encontre de la constitution provoque de nombreuses manifestations dans tout le pays et une perte de crédibilité du Tribunal Constitutionnel et du Tribunal Suprême Electoral.

C’est dans cette atmosphère de méfiance qu’ont lieu les élections présidentielles le 20 octobre dernier. Morales s’étant proclamé gagnant des élections au premier tour alors que des suspicions de fraude avaient été dénoncées par l’opposition. L’audit de l’Organisation des Etats américains (OEA), commandité par le président Morales, confirme cette fraude et recommande alors la tenue de nouvelles élections. Les manifestations reprennent dès lors de plus belle. Pour tenter de pacifier le pays, les Forces Armées suggèrent, à ce moment-là, à Morales de démissionner.

Proclamant qu’il s’agit d’un « coup d’état organisé par l’opposition manipulée par l’impérialisme nord-américain », Morales démissionne et s’enfuit vers le Mexique qui lui offre l’asile. Malgré cela, les tensions s’accentuent et les successeurs prévus par la Constitution démissionnent. A cet instant, la présidente par intérim, deuxième vice-présidente du Sénat, l’opposante Jeanine Añez, annonce la convocation d'une élection présidentielle dans un délai de 90 jours. Depuis, la situation est plus que tendue, les défis du gouvernement transitoire ne seront pas faciles à atteindre.

Pour Solsoc, les prochains jours sont cruciaux. Sa préoccupation principale est tournée vers la sécurité de la population et sur l’avenir du Pays. Le pire doit être envisagé, notamment le risque de renouer avec un régime néo-libéral et conservateur. Une table de dialogue et de négociation doit être installée non seulement avec les parlementaires, mais aussi avec les différents représentants de la société civile. De plus, nous estimons que le décret n°4078 (qui exonère les forces armées de toute responsabilité pénale en cas de « légitime défense ou d’état de nécessité ») doit être abrogé dans les plus brefs délais si l’on veut éviter de tomber dans le piège de la violence et empêcher de nouvelles victimes.

Solsoc souhaite que de nouvelles élections transparentes soient rapidement organisées afin que le pays retrouve le calme, la stabilité et la paix.

 


[1] MAS : Mouvement au Socialisme, parti d’Evo Morales

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