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Ils.Elles sont acteur de changement … Tangui Cornu : « Sans protection sociale pas de sécurité pour les travailleur∙euse∙s ! »

5 octobre 2020

Ils.Elles sont acteur de changement … Tangui Cornu : « Sans protection sociale pas de sécurité pour les travailleur∙euse∙s ! »

Le 30 septembre 2020

 

La crise de la COVID19 a amené les syndicats à devoir s’adapter pour continuer à répondre à leurs fonctions premières. Tangui Cornu, le Co-président de la FGTB HORVAL, a répondu à nos questions à ce sujet. La Centrale est un pilier dans le soutien aux projets syndicaux du programme de Solsoc au Burkina Faso, au Burundi et en Colombie.

 

Pourquoi est-ce important pour une centrale syndicale comme la FGTB Horval d’être présente à l’international ?

Tangui Cornu : La coopération syndicale internationale devrait être l’essence même d’une organisation syndicale. Nos prédécesseur.euse.s ont initié, comme chant de ralliement, un hymne : « l’international ». Ils avaient déjà compris à l’époque qu’on ne pouvait améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs que si on le faisait au niveau mondial. Aujourd’hui nous vivons dans une ère de globalisation. Ce qui était vrai au 19ème siècle l’est encore plus aujourd’hui. On ne peut pas imaginer, dans des économies interconnectées, avoir des conditions de travail et de rémunération idéales, alors que partout autour de soi les travailleur.euse.s seraient sans droit.

Suite à la crise du covid19, quels sont les principaux défis des syndicats dans le secteur de l’alimentation en Belgique et dans les pays dans lesquels vous avez des partenaires ?

T.C. : La crise du Covid 19 a mis en évidence les situations brutales auxquelles sont confrontés les travailleur∙euse∙s. Les secteurs dont Horval s’occupe sont pour la majorité des secteurs qualifiés d’essentiels pour la société, ce sont des secteurs qui nourrissent la population. Alors que beaucoup de travailleur.euse.s sont confinés, alors que le télétravail est devenu la norme pour beaucoup d’employé∙e∙s, les travailleur∙euse∙s de production doivent être présents à leurs postes et doivent continuer à faire en sorte que les aliments se retrouvent dans les magasins. Pourtant, leur travail exige de la promiscuité, et la préservation de leur santé exige le port du masque et la distanciation sociale. Les deux sont antinomiques dans les entreprises. Pour les organisations syndicales, la situation est extrêmement compliquée : il faut prendre des mesures qui permettent de garantir la santé des travailleur∙euse∙s tout en réorganisant le travail. C’est le premier défi auquel les organisations syndicales sont confrontées.

Le deuxième défi est de trouver des solutions pour répondre aux baisses de rémunération que les travailleur∙euse∙s ont subi suite au ralentissement de l’économie, et à l’écartement dont ils ont pu faire l’objet. Entre chômage temporaire et mise en quarantaine, dans tous les cas, les travailleur∙euse∙s ont perdu beaucoup de pouvoir d’achat. C’est vrai en Belgique, c’est encore plus vrai dans les pays du sud où le travail informel occupe parfois 80 à 90% de l’activité économique. Cela implique que dans certains pays, les travailleur∙euse∙s qui sont confiné∙e∙s se trouvent dans l’impossibilité d’apporter les moyens de subsistance nécessaires à leur famille. Quand on fait ces parallèles, on se rend compte de l’importance d’avoir une sécurité sociale, comme nous avons en Belgique et dans la majorité des pays européens, qui joue le rôle de bouclier pour les travailleur∙euse∙s. En les protégeant à la fois financièrement, mais aussi en les protégeant au niveau de leur santé, la sécurité sociale leur garantit des soins de qualité dans des   structures de soins. Cela réaffirme encore une fois que, pour les travailleur∙euse∙s la sécurité sociale est l’élément le plus important pour leur protection.

Lors de votre dernier voyage pour rencontrer les partenaires syndicaux de Horval et Solsoc, vous vous êtes rendu au Burkina Faso. Qu’apportent les rencontres de syndicalistes du Nord et du Sud ?

T.C. : Faire des rencontres entre des syndicats d’alimentation du Burkina Faso, une responsable de projet en Colombie et un responsable syndical belge, de la FGTB Horval, c’est confronter 3 réalités fondamentalement différentes. Le Burkina Faso est un pays où il y a très peu d’industries et qui est sujet à des attaques intégristes dans presque la totalité de son pays. La Colombie est un pays où l’on tue plus ou moins 500 leaders sociaux∙ales par an, où l’on trouve beaucoup d’entreprises que l’on peut trouver en Europe (AB InBev, Nestlé, Coca Cola…), où la discussion syndicale se réalise au travers de rapports de force, où l’État est absent ou à la solde des employeurs. En Colombie, des groupes paramilitaires sont à la solde des entreprises multinationales européennes ou américaines, ce qui leur permet d’avoir un dialogue social quasi nul. La Colombie est un pays où l’État fournit des gilets blindés, des gardes du corps, des voitures blindées pour protéger les syndicats, mais où aucun auteur de meurtres de leaders sociaux∙ales n’a été mis devant un tribunal. La Belgique est un état de droit, un état où les organisations syndicales sont extrêmement fortes et où elles ont la capacité d’imposer des relations sociales dans un cadre où il y a une sécurité sociale qui peut protéger les travailleur∙euse∙s.

3 réalités, 3 contextes et pourtant la volonté de pouvoir se renforcer ensemble pour améliorer la situation des travailleur∙euse∙s. Cette mission a permis des échanges entre travailleur∙euse∙s qui vivent des réalités différentes, mais qui ont des aspirations identiques. Les membres des 3 pays ont fait le même constat : « nous devons profiter de la collaboration internationale pour nous renforcer en tant qu’organisations syndicales, pour mettre en place des initiatives qui vont à la fois améliorer la situation des travailleur∙euses∙s, leur vie, et pour concevoir des projets sociaux alternatifs. 

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